Do all things with love - PV. Leen'

La semaine passée au journal local avait été harassante tant Nathaniel s’était senti seul, essayant par tous moyens de convaincre ses collègues de publier un article qui en valait la peine. En vain. Ce jeune journaliste encore plein d’ambitions tombait toujours de haut lorsque le rédacteur en chef lui refusait un sujet. Pourtant, il ne s’était pas laissé abattre par ce refus et avait poursuivi ses investigations jusqu’à tard le soir. Ce conflit n’était pas un cas isolé et Nate en jouait, d’une manière ou d’une autre, il aurait le dernier mot.
Toutefois, il laissa volontiers ce sujet de côté pour se concentrer uniquement sur le week end qu’il attendait non sans une certaine impatience.

Aussi bizarre que cela puisse paraître, Nate se réveilla dès les premières lueurs du jour. Et pour amplifier cette exception, il décida de se lever aussitôt. Blottie dans ses bras, Leena dormait encore paisiblement alors, doucement, il se détacha de leur étreinte pour se glisser hors du lit. Dans la pénombre, il parvint à attraper quelques vêtements - une chemise bleu ciel et un pantalon léger -puis, sur la pointe des pieds, il se dirigea vers la salle de bains pour s’habiller. Bizarrement, Nathaniel se sentait en pleine forme alors qu’il avait pour habitude de dormir jusqu’à ce que sa fiancée ne le tire du lit.

Quelques minutes plus tard, Nate se trouvait au bas de l’immeuble, visiblement bien éveillé. Il rejoignit l’épicerie de quartier d’un pas énergique avant de prendre son temps quant à la sélection drastique qu’il effectuait pour ses achats. Ce jeune homme faisait de la cuisine un de ses passe temps favoris et cela commençait par les courses. Cette particularité lui était venue lors de son long séjour à Paris où, seul et voué à devenir autonome, il s’était efforcé d’apprendre la cuisine. Le fils Evans se trouvait évidemment au bon endroit pour apprendre et en revint presque fier.
Les bras chargés, Nathaniel rentra enfin à l’appartement encore silencieux. Durant une minute, il hésita à prendre les dernières nouvelles sur Internet et abandonna finalement cette idée pour une autre, bien meilleure.
Toutes les pièces de l’appartement furent bientôt enveloppées par une agréable odeur provenant de la cuisine. Nate préparait un petit-déjeuner digne de ce nom à sa fiancée : pancakes aux fruits rouges recouverts d’une fine couche de sirop d’érable, jus d’orange frais et chocolat chaud. Il disposa le tout sur un plateau et s’aventura doucement vers la chambre. Là, il posa le tout sur la table de chevet, son regard clair venant se poser sur le corps encore endormie de la femme avec qui il souhaitait passer le reste de sa vie. Un fin sourire se dessina alors au coin de ses lèvres, celles-ci venant déposer un doux baiser sur la joue de Leena. Ce n’était pas la première fois qu’il lui préparait une attention matinale et, à chaque fois, il pouvait la regarder ainsi pendant des minutes entières jusqu’à ce que son regard ne rencontre enfin le sien.

Blottie dans les bras de son cher et tendre, Leena semblait dormir à poings fermés. Sa respiration était calme, paisible et régulière, et son visage montrait que son sommeil était tout ce qu’il y a de plus serein. Aux pays des songes, Leena se reposait d’une dure semaine, passée à courir entre son boulot de professeur de littérature au lycée de Savannah, et à sa galerie où elle exposait ses photographies. Entres les élèves bavards et turbulents, et ses photos qu’elle n’arrivait pas à développer comme elle le souhaitait, elle avait eu plusieurs fois l’occasion de s’arracher les cheveux, mais de peur de devenir chauve, Leen’ s’était abstenue et avait –presque- réussi à rester zen, tout au long de cette longue semaine… Elle avait accumulé néanmoins beaucoup de fatigue, à prendre sur elle pour éviter de craquer, et c’était donc nécessaire pour elle de récupérer le sommeil qu’elle avait en retard. La jeune femme n’ouvrit même pas un œil, quand Nate se détacha délicatement d’elle pour sortir du lit. Elle se retourna seulement, s’installant sur le ventre, se disant que son fiancé devait simplement aller aux toilettes, pour revenir se rendormir près d’elle ensuite. Mais avant d’attendre son retour, la demoiselle retomba en moins de deux secondes dans les doux bras de Morphée.

Près d’une heure plus tard, c’est avec une extrême douceur qu’elle fut réveillée par de douces lèvres qui vinrent se poser sur sa joue, où trônait encore une jolie marque d’oreiller, signe qu’elle avait très bien dormi. En sortant doucement du pays des rêves, Leen’ n’ouvrit pas les yeux tout de suite, de peur d’être aveuglée par la potentielle lumière qui aurait pu régner dans la chambre. Mais en sentant Nate près d’elle, et lorsque l’odeur de son petit-déjeuner arriva jusqu’à ses narines, un joli sourire s’afficha sur ses lèvres. Elle était folle amoureuse de lui, et de ses petites attentions. C’était bien le premier homme aussi attentionné avec qui elle était, et en plus, elle avait la joie et la fierté, depuis quelque mois maintenant, de porter à son index une jolie et discrète bague de fiançailles.

« Si ça se trouve je rêve encore … » murmura-t-elle ouvrant délicatement les yeux, juste de quoi apercevoir le joli minois de son amoureux penché au dessus d’elle.

Elle lui fit un sourire charmeur, en se mordillant légèrement la lèvre inférieure, irrésistible. Ses cheveux, légèrement emmêlés, tombaient sur ses épaules dénudées, et le drap arrivait juste au dessous de ses aisselles. Elle se redressa doucement, s’accrochant au drap pour ne pas dévoiler de son corps nu, plus qu’il n’en fallait.

« Tu m’as préparé quoi de bon ? » demanda-t-elle ensuite en jetant un rapide coup d’œil à la table de nuit.

A présent, un soleil radieux resplendissait au-dessus de la petite ville de Savannah, laissant ses habitants encore songeurs quant au week-end chaud et ensoleillé qui s’annonçait. Il était encore relativement tôt pour que la moindre agitation ne se fasse entendre mais cela ne tarderait pas. La semaine écoulée n’était donc plus qu’un lointain souvenir, spécialement pour Nathaniel qui comptait sur les deux journées de libre du couple pour en profiter pleinement. Leurs emplois du temps ne leur permettaient pas toujours de céder à la moindre de leurs envies ni au moindre de leurs caprices et, aujourd’hui, Nate envisageait la suite comme un petit garçon trépignant d’impatience.

D’ordinaire spontané, Nate avait pourtant une idée fixe en tête depuis son réveil. Tout comme lui, Leen’ avait eu une semaine chargée sinon plus et, pour le lui faire oublier, il avait simplement envie de lui consacrer la journée. Naturellement, cela commençait par un petit-déjeuner au lit mais, pour le reste, absolument rien n’était prévu ni acquis.

Cette douce voix aux inflexions onctueuses qu’il se plaisait à entendre vint briser le doux silence matinal. Amusé par sa première remarque, Nate lui répondit d’abord par un tendre sourire avant de poursuivre sur cette même remarque. Après tout, n’était-ce pas lui qui envisageait de lui accorder une attention toute particulière pour la journée à venir ?

« Bienvenue au pays des rêves sweetheart .. ! »

Malicieux, son sourire reflétait désormais une chose que Leena devait connaître par coeur chez son compagnon et dont elle se jouerait probablement. Malgré une volonté bien présente, Nathaniel n’avait encore aucune idée de ce qu’il pourrait proposer à sa fiancée pour la journée à venir et son sourire en coin en était la parfaite illustration.

Posant le plateau du petit-déjeuner sur ses genoux, il désigna de son index chaque aliment puis les présenta un à un - de leur préparation jusqu’à leur mise en place sur le plateau - comme s’il s’agissait d’une évaluation importante où la moindre erreur serait signe de relégation. Amusé, Nate adapta le ton de sa voix en conséquence et parut se jouer de sa fiancée en l’embêtant gentiment dès le réveil. Cette scène lui rappela étrangement ses premières semaines à Savannah, lorsque toutes ses tentatives pour la séduire se soldaient par de cuisants échecs. Si il l’ennuyait, alors Leen’ n’hésitait pas à le lui faire savoir, à sa façon bien entendu. Et, aujourd’hui, il semblait vouloir susciter une réaction similaire simplement pour la taquiner.
Puis, l’instant d’après, son regard amoureux vint détailler le visage encore endormie mais non moins séduisant de sa future épouse, tandis que sa main gauche caressait tendrement un de ses genoux à travers le drap d’un blanc immaculé.

La réponse de Nathaniel la fit sourire un peu plus qu’elle ne souriait déjà. Leena était le genre de femme dont le sourire pouvait vous transporter aux pays du bonheur. Elle avait ce sourire qu’on voyait dans toutes les publicités de rouge à lèvres. Atout irrésistible de son charme, la jeune femme n’hésitait pas à l’utiliser. C’était toujours plus sympathique que de faire la tête en permanence, certes.

Mais là, elle ne l’utilisait pas pour charmer son fiancé, mais c’était plus l’expression de son réel et intense bonheur qu’il lui offrait, rien qu’en étant à ses côtés. Avec lui, cela n’avait pas été le coup de foudre. Mais petit à petit, rendez-vous après rendez-vous, elle s’était aperçue que c’était de l’amour. Le véritable amour, celui qu’on imagine toutes, sans vraiment le connaître réellement. Elle avait appris à le connaître, et était tout simplement tombée amoureuse de l’homme qu’il était. Cet homme drôle, spontané, romantique et malicieux. Avant qu’elle ne le rencontre, Leena avait eu sa passe « frivole » où pendant près de trois ans, elle s’était contentée de « papillonner » vers différents garçons. Sans se poser véritablement avec quelqu’un, elle s’était néanmoins laissée séduire plus d’une fois, mais sans chercher à se stabiliser. Alors au début, elle avait considérer Nate comme l’un d’entre eux, mais très vite elle s’était rendue compte que le jeune homme était bien loin d’être comme les autres.

Maintenant adossée contre le cadre du lit, elle observa le plateau petit-déjeuner posé sur ses genoux. Les yeux pétillants de bonheur, chaque petite intention de son fiancé à son égard procurait chez elle un sentiments de sécurité et d’infini bonheur. Se mordillant la lèvre inférieure quand il lui détailla chaque aliments. Il avait vraiment prit du mal pour ça, et elle lui en était infiniment reconnaissante.
« Je t’ai déjà dit à quel point j’avais de la chance d’être tombée sur toi ? » murmura t-elle en venant accroché de deux ses doigts au col de sa chemise.

Affichant un sourire reconnaissant sur ses lèvres, elle se servit de son attache sur sa chemise pour s’approche de lui et déposer tendrement ses lèvres sur les siennes, suivit d’un second et d’un troisième. Elle l’aimait tellement, qu’elle ne se sentait pas à la hauteur de ses attentes. Elle, la fille chiante et folle, qui avait su trouvé un homme comme lui. Si on le lui avait dit quelques années plus tôt, elle ne l’aurait tout bonnement pas cru. Relachant son étreinte, elle reposa son regard sur le plateau et, piquée d’un regard malicieux, posa son doigt dans le sirop d’érable avant d’essuyer son doigt sur la joue de Nate.

« Bravo, tu es tout sale maintenant, il va falloir que je te nettoies », dit-elle en faisant une petite moue amusée.

Joignant des gestes à ses paroles, elle déposa ses lèvres cette fois si sur la joue de son amoureux, là où elle avait étalé le sirop d’érable.

A cet instant précis, il n’y avait certainement pas d’homme plus accompli que Nathaniel Joshua Evans. La raison ? Le sourire resplendissant de sa fiancée l’emplissait d’un bien-être incomparable. Trois ans auparavant, à une époque de sa vie où il avait tout à construire, il l’avait rencontré là, sur cette plage, la seule silhouette qui se dégageait des autres par son élégance. Puis son caractère l’avait aussitôt séduit. Aujourd’hui, le sourire heureux qu’elle lui adressait venait amplifier son désir de multiplier toutes ses petites attentions. En somme, Nate avait autant de raisons de se montrer attentionné et créatif pour autant de sourires en échange.

La remarque suivante de sa compagne le fit doucement rire. Combien de temps s’était écoulé avant qu’elle ne daigne réellement l’écouter pour ensuite se laisser séduire ?! En réalité, Nate ne savait pas lequel était le plus chanceux. Elle, qui l’avait repoussé à de nombreuses reprises avant de lui accorder une chance ? Ou lui, qui avait choisi la meilleure destination possible une fois son diplôme en poche ?

Le premier baiser puis les deux suivants que le couple échangea ensuite permis à Nate d’oublier sa question et même de s’oublier complètement pour en savourer toutes les nuances. Malicieusement, sa langue venait jouer avec celle de sa partenaire tandis que ses mains profitaient de la proximité de son corps. Mais l’équilibre incertain du plateau posé sur ses genoux l’amena à renoncer. Son visage restait cependant près du sien, suffisamment pour lui murmurer au creux de l’oreille.

« Je t’aime. »

Ses deux mots, prononcés distinctement, sonnaient comme une évidence pour Nate qui ne cessait de le lui répéter inlassablement et il était certain de pouvoir continuer ainsi, maintenant que le mariage n’était plus synonyme d’incertitude ni d’appréhension.

Affichant un faux sourire inquiet, il regarda silencieusement Leen’ qui semblait d’humeur joueuse. D’ailleurs, sa joue ne tarda pas à prendre une nouvelle teinte avec le sirop d’érable que sa fiancée venait d’étaler. Amusé, Nate la laissa faire, faisant volontiers office de petit-déjeuner mais ensuite, il afficha une petite moue mi-boudeuse mi-provocatrice, et un ton de voix faussement innocent.

« Hmm .. la faute à qui ? En plus, tu en as oublié ici .. et ici .. »

N’hésitant pas une seconde à s’étaler lui-même du sirop d’érable sur les lèvres puis au creux de son cou, il désigna de son index chacun de ces deux endroits, tour à tour. Sans doute possible, Leena devait probablement se douter qu’elle venait de donner le coup d’envoi d’un petit jeu qui pouvait durer longtemps, les deux protagonistes étant aussi joueurs l’un que l’autre. Une chose que Nate appréciait particulièrement, chaque attention pouvant amplifier leur complicité avec une facilité déconcertante.

vraiment désolée pour ma lenteur !!

Elle avait passé une très bonne nuit, et un si beau réveil, tout comme la prévision d’une journée sans boulot, passée dans les bras de son homme la mettait d’excellente humeur. Le sourire accroché au visage, Leena regardait Nate au plus profond des yeux. La semaine, ils se voyaient certes, puisqu’ils habitaient ensemble, mais ils n’avaient pas forcément le temps de passer beaucoup de moment ensemble, à ne penser à rien à part à eux. Non. La jeune femme avait très souvent des copies à corriger ou des cours à préparer, quant à Nathaniel, il était souvent parti en vadrouille à la recherche d’une interview choc, ce qui ne leur laissait pas forcément l’occasion de se dire tout ce qu’ils avaient à se dire.

Leen se questionnait souvent sur son passé. Comment aurait été sa vie si, rien de ce qui s’était passé ne s’était vraiment passé ? Si sa mère n’était pas décédée ? Peut-être n’aurait-elle jamais rompu avec son premier amour, et se serait avec lui, aujourd’hui, qu’elle partagerait son lit. Comment serait sa vie aujourd’hui, si elle n’était pas rentrée à Savannah pour y terminer ses études, et qu’elle avait trouvé un travail dans une autre ville ? Comment aurait été sa vie, si Nathaniel n’avait pas choisi Savannah comme destination, qu’il n’avait pas rencontré Leena, et s’il n’avait pas insisté pour qu’elle tombe dans ses bras ? Comment… avec des si, on referait le monde.
Outre ses reflexions du passé, Leena s’interrogeait aussi sur l’avenir. Elle ne doutait absolument pas de ses sentiments envers son fiancé. Non. Elle l’aimait, au plus profond de son être, et aurait pu tout faire pou lui. Entre eux, c’était une véritable passion, qui grandissait de plus en plus au fil du temps. Ce qui lui posait plus question était surtout le plan « enfant ». Ils n’en avaient encore pas véritablement parlé en fait, et ça lui faisait un peu peur d’ailleurs. Est-ce qu’il en voulait ? Si oui, dans combien de temps ? Car pour elle, elle se sentait prête à en avoir. Depuis toute petite, elle rêvait du jour où elle pourrait porter son propre enfant dans ses bras. Elle mourrait d’envie de connaître les désirs de son homme, mais n’osait tout simplement pas se jeter à l’eau pour le moment.
Un frisson la parcouru de la tête aux pieds lorsqu’il murmura un petit « je t’aime » au creux de son oreille. Cela lui faisait tant de bien d’entendre ces mots. Ces simples petits mots, si tendres. Tous les deux savaient que leurs sentiments étaient réciproques. Leur façon de se regarder ne trompait pas, et tout le monde pouvait voir au fond d’eux ce qu’ils ressentaient l’un pour l’autre.

« Je t’aime aussi » murmura-t-elle en caressant le cou du jeune homme avec le bout de son nez.

Elle remonta ainsi jusqu’à son visage et vint déposer un ultime baiser à la commissure de ses lèvres, juste avant de commencer d’afficher un sourire malicieux et de jouer avec le sirop d’érable. Elle rit ensuite de bon cœur, lorsqu’elle s’aperçut que Nate rentrait à pieds joints dans son jeu. Ravie, elle se mordit légèrement la lèvre d’un air aguicheur, avant de venir déposer ses lèvres aux endroits où le jeune homme s’était lui-même étaler du sirop, tout en riant légèrement.
Leurs petits moments de complicité tels que celui-ci la ravissait au plus haut point. C’était ce genre de moment qu’elle appréciait plus particulièrement, outres les moments plus intimes évidemment. Nate était l’homme de sa vie, et elle le savait.

« On peut durer longtemps avec ce petit jeu, tu sais ? » demanda-t-elle en essuyant son doigt plein de sirop sur son décoleté, jusqu’au début de ses seins, cachés par le drap.

Ces moments privilégiés se faisaient rares mais n’en étaient pas moins appréciables. Conjuguer vie professionnelle et vie privée n’était pas aussi simple que seule l’envie le laissait penser. Aussi bizarre que cela puisse paraître, les deux protagonistes s’étaient installés ensemble à un moment de leur relation où le besoin de se voir plus souvent se faisait plus pressant, mais cette étape ne résolvait pas tout. Hormis le fait de dormir ensemble, de se réveiller dans les bras l’un de l’autre et de partager d’autres moments d’une vie commune, leurs emplois du temps respectifs leur dictait leur manière de vivre. D’une certaine manière, cette contrainte pouvait se targuer d’avoir un effet positif sur leur couple : la routine n’existait pas et n’existerait probablement jamais. D’ailleurs, ni l’un ni l’autre ne s’était jamais plaint - du moins ouvertement - de ce rythme de vie, pas toujours conciliant.

Quelques mois plus tôt, Nathaniel s’était montré plutôt silencieux, souvent dans ses pensées. Entre ses corrections, ses cours et ses photos, Leena s’en était tout de même aperçue. Durant cette courte période, Nate ne ressemblait plus à l’image qu’il véhiculait chaque jour. Pourtant, il s’agissait seulement d’une demande en mariage mais celle-ci l’effrayait en même temps qu’elle lui laissait entrevoir un futur tel qu’il l’avait imaginé. Il appréhendait le moment où, poussé par une envie subite de se jeter à l’eau, il lui poserait cette fameuse question. Ce moment était arrivé en début de soirée, alors que le couple traversait la plage pour rejoindre un dîner entre amis. Il ne lui avait pas fallut plus d’une seconde pour décider que cet endroit était le lieu idéal. N’était-ce pas là qu’ils s’étaient rencontré ? Son appréhension et ses doutes s’étaient aussitôt envolés pour laisser place à une joie sans fin.
Aujourd’hui, il se remémorait ce récent souvenir en même temps qu’il lui traduisait ses sentiments par deux petits mots. Et cet instant le confortait dans l’idée que Leen’ était la femme de sa vie. Le sourire qui vint irradier son visage lorsqu’elle lui répondit illustra cette idée, ce pur bonheur. Marié ou non, ses sentiments resteraient les mêmes mais le besoin d’être lié à Leena d’une manière ou d’une autre l’avait motivé à faire sa demande.
Depuis plusieurs semaines, Nate consacrait le plus clair de son temps à écrire les tribulations de la populations des environs suite au pétrole qui se déversait sur leurs plages et Leena jonglait entre ses deux jobs. La préparation de leur mariage avançait donc doucement mais Nate comptait rattraper le temps perdu ce week-end.

Ils en étaient encore à l’étape du sirop d’érable et comme sa fiancée venait de le souligner, ce petit jeu pouvait durer longtemps mais, qui s’en serait plaint ? L’un comme l’autre semblait prendre un malin plaisir à s’enduire de sirop, leurs doux rires venant se mêler pour former une sonorité plaisante. Amusé mais également charmé, le regard clair de Nate observait avec attention les mimiques de sa compagne, résistant difficilement à son air aguicheur. Enfin .. encore aurait-il fallu qu’il veuille résister car c’était loin d’être le cas. Ses cheveux légèrement emmêlés, son regard noisette, ses lèvres voluptueuses, son corps parfait derrière ce drap blanc .. tout en elle lui plaisait et son regard ne manquait pas de le lui faire savoir. Et il ne manquait plus que cette empreinte de sirop d’érable subtilement placée au-dessus de sa poitrine pour le faire totalement fondre.

« Ce n’est pas comme si on avait pas une journée entière de libre devant nous .. n’est-ce pas ? »

Annonça t’il en chuchotant presque, plaçant le plateau du petit-déjeuner - à présent trop encombrant - sur la table de chevet. Puis, il se rapprocha doucement de sa fiancée et retira ce délicieux sirop d’érable avec le bout de la langue, doucement mais sûrement (^^). Prenant appui sur sa main gauche, il chercha à baisser le drap, rien que très légèrement de sa main libre.

« Je ne fais que vérifier si ça a coulé bien sûr .. »

Tendrement, ses lèvres s’attardaient sur cette partie de son corps alors que le bout de ses doigts se recouvraient à nouveau de sirop pour en étaler le long de son épaule. Sans oublier la moindre parcelle de sa peau, ses lèvres remontèrent doucement pour atteindre son épaule et ensuite ses lèvres où il venait tout juste d’étaler le reste du sirop. Voilà ce que c’est de jouer avec la nourriture !

Leur journée prévoyait d’être radieuse. Pour plusieurs raisons. La première, et très sûrement la plus importante : ils allaient la passer ensemble, sans aucune pression du boulot à côté. La seconde, il faisait dehors un temps magnifique, et la chaleur était au rendez-vous pour illuminer leur journée de début d’été.
Cela faisait depuis le début de la semaine que Leena attendait le week-end avec impatience, sachant qu’elle allait pouvoir passer deux jours merveilleux dans les bras de son fiancé. Deux jours pendant lesquels seuls eux deux compteraient, qu’elle l’aurait tout à elle. La future madame Evans tenait à ses moments ensembles comme à la prunelle de ses yeux. C’était eux qui faisaient tenir leur couple, car, même si les bases étaient solides, il y avait toujours quelques pierres qui risquaient de tomber, et les week-ends étaient les meilleurs moments pour leur donner un petit coup de neuf.

Et ce week-end là commençait plus que très bien ! Elle ne pouvait à présent plus détacher ses yeux du regard de braise de son fiancé. Il la captivait, l’hypnotisait. Ah, l’amour… Prise d’un élan de tendresse, comme elle en avait souvent, Leena posa sa main sur la joue de Nataniel pour se rapprocher de lui et l’embrasser une nouvelle fois. Le parfum sucré de ses lèvres, jamais elle ne pourrait s’en passer. Certaines personnes étaient accros à la cocaïne ou à l’alcool. Elle, sa seule drogue, c’était lui.

« On n’a pas qu’une seule journée, on en a deux… » murmura-t-elle.

Assise dans le lit, à moitié dénudée, Leen plia ses jambes après que Nate ai déplacé le plateau du petit-déjeuner. Elle avait faim, certes, mais pour l’instant, c’était surtout lui qu’elle avait envie de grignoter ! Son air aguicheur et séducteur toujours accroché sur le visage, la demoiselle laissa son fiancé faire d’elle absolument tout ce qu’il voulait. La promenade de sa langue sur sa peau la faisait frissonner de tout son être, et elle rebaissa ses jambes pour lui permettre de se rapprocher encore plus d’elle. Elle rit légèrement face à la remarque du jeune homme, se justifiant presque de ses gestes à présent, alors qu’elle n’attendait que ça.

« Tu devrais encore revérifier mon cœur, je sens que ça coule… » Dit-elle d’une voix douce, tout en se mordillant la lèvre inférieure.

Les doigts de la jeune demoiselle vinrent se poser avec délicatesse sur le dos de Nate, recouvert par une jolie chemise bleue, qu’elle lui avait offert il y a quelques semaines. Rapidement, elle parvint à se frayer un petit chemin en passant en dessous du tissu, pour venir caresser la peau du jeune homme du bout des doigts.

Sa première soirée à Savannah.
Seul sur cette immense étendue de sable blanc, au milieu d’une foule compacte, Nathaniel se sentait tout petit pour la première fois de sa vie. Aucun visage ne lui était familier et aucun regard ne lui était directement adressé. Les conversations ne manquaient pas et l’ambiance était fort agréable, il devait le reconnaître. Pourtant, il demeurait isolé et silencieux, attendant il ne savait trop quoi. Que diable lui était-il arrivé pour s’installer dans une ville parfaitement inconnue et accepter un boulot alors que d’autres, bien meilleurs, l’attendaient ailleurs ? A cet instant précis, Nate aurait pu se sentir complètement invisible et commencer par regretter son choix, à ne pas avoir suivi ses amis désormais installés à New York et profitant de toute cette décadence. Mais quelque chose le poussait à croire que son choix ne s’était pas fait sans raison, quelque chose l’attirait dans cette ville somme toute modeste.
Alors il l’aperçu, en grande discussion avec une amie, enserrant un gobelet de ses mains étonnamment sculptées. Sa silhouette se dégageait de toutes les autres et, silencieusement, il aurait pu continuer indéfiniment l’énumération de tout ce qui faisait son charme si elle n’avait pas surpris son regard. Absorbé, Nate en avait oublié de faire semblant de ne pas s’intéresser à elle. Mû par une mystérieuse détermination, il se sentit alors obligé de s’approcher d’elle et, avant d’y réfléchir, il s’entendait déjà se présenter en élevant la voix pour se faire entendre au-dessus de la musique et des conversations voisines : « Nathaniel. Je ne connais aucune façon d’être moins direct alors je ne vais pas passer par quatre chemins. Je viens pour vous draguer. » Sa fierté masculine venait d’en prendre un coup. Sa précédente relation amoureuse s’était soldé par un cuisant échec huit mois auparavant et il semblait avoir perdu la main et gérait maladroitement l’impression de se conduire comme le dernier des crétins. Il n’aurait pas hésité à se faire absorber par la foule pour disparaître aussitôt si il n’avait pas entendu son rire, détendu et spontané. S’ensuivit alors plusieurs heures de conversation, à bâtons rompus d’où se dégageait clairement deux sensibilités, deux esprits sur la même longueur d’ondes. Tout cela avant de s’apercevoir que la foule s’était dispersée depuis un moment déjà. Nate la raccompagna alors chez elle, sans rien espérer d’autre que la promesse de la revoir alors qu’il se faisait difficilement à l’idée que la soirée était finie. Un baiser pour la clore n’aurait rien signifié de plus qu’une rencontre éphémère et sans lendemain. Ce qu’il ne voulait surtout pas. Directe et franche à son tour, Leena lui exprima de but en blanc qu’elle n’attendait rien de lui et que s’il nourrissait le moindre espoir envers elle, le chemin serait difficile pour ne pas dire impossible. Durant les trois mois qui suivirent, il s’employa à la séduire pour finalement lui donner tort.

Aujourd’hui, et comme tous les jours précédents, il lui arrivait de repenser à cette soirée. Nate était resté uniquement pour Leena, aujourd’hui encore. A la seule différence qu’à présent, un regard pouvait suffire pour être compris et il n’avait plus à s’enticher de longs discours pour être entendu bien que les démonstrations de ce genre lui soient toujours familières. Et si il lui était déjà arrivé de difficilement le croire, ses sentiments étaient réciproques. Oui, cette femme qui l’avait tout de suite séduit s’intéressait réellement à lui. Au travers d’un mouvement doucereux, la langue de sa fiancée venait malicieusement jouer avec la sienne pour échanger un énième baiser. Baiser au terme duquel ses lèvres se détachèrent difficilement des siennes, il était bien ainsi et aurait pu continuer inlassablement. Sans cesser de chuchoter, Nate lui répondit à nouveau non sans cacher son air malicieux.

« Et qu’est-ce que tu suggères ? »

A présent, son regard ne se détachait plus de son corps, de sa peau légèrement satinée par les rayons du soleil qui filtraient à travers les volets entrouverts, il perdait progressivement la notion du temps et de tout ce qui pouvait les entourer. Leena occupait chacune de ses pensées, rien d’autre n’avait d’importance. A tel point qu’il faillait faire abstraction de ce qu’elle lui disait. Depuis de longues minutes, Nate attendait patiemment de pouvoir enfin retirer le drap d’un geste délicat mais déterminé, sans paraître brusque. Bien qu’il connaisse son corps par coeur, son regard clair l’observa d’abord avec une attention presque excessive puis, avant d’entreprendre quoi que ce soit, il plaça ses deux mains dans son dos et la fit doucement glisser contre le dossier du lit afin de se placer au-dessus d’elle. Ses grandes mains vinrent alors emprisonner ses poignets, placés de part et d’autre de l’oreiller tandis que ses lèvres se posaient délicatement sur sa peau au goût fruité. Commençant par son cou où il s’attarda de longues minutes, Nate descendit doucement, se délectant du doux contact avec sa poitrine et descendit encore. Son ventre plat, ses hanches superbement dessinées. Nathaniel prenait un malin plaisir à recouvrir chaque parcelle de sa peau de ses baisers tantôt lascifs tantôt langoureux. Une once de provocation pu se lire dans ses yeux lorsqu’il se rapprocha enfin de ses lèvres. S’amusant à seulement les effleurer, à jouer avec sa langue sans réellement l’embrasser, il cherchait à susciter une certaine réaction de sa part.

« On dirait bien qu’il n’y a plus de sirop d’érable pour ton petit-déjeuner ... »

Résistant difficilement à la beauté de ce corps nu qui lui était à demi exposé, le drap arrivant à sa taille, il déposa quelques baisers au creux de son cou, énumérant ensuite tout ce qui lui plaisait en elle. Au même moment, ses mains cessèrent d’exercer une douce pression sur ses poignets pour finalement parcourir ses courbes du bout des doigts.

Quelle femme n’aurait pas pu être comblée dans les bras d’un homme tel que Nathaniel J. Evans ? Leena en tout cas, l’était. Maintenant que la jolie brunette avait fait entrer cet homme dans son cœur, il était hors de question qu’il n’en ressorte. Si « eux deux » se transformait un jour en « elle toute seule », la jeune femme en serait très certainement brisée, et il n’est pas sûr qu’elle puisse s’en relever. Heureusement pour elle, leur relation semblait toujours au beau fixe, même après trois ans qu’ils étaient ensemble.
Elle avait mis du temps à l’accepter à ses côtés, bien que très vite, elle ait été charmée par cet homme confiant, mais légèrement maladroit. Elle l’avait trouvé adorable, et la première soirée passée en sa compagnie avait été tout simplement parfaite. Il avait passé une bonne partie de la nuit à discuter, assis sur la plage. Les quelques brides de rires et une musique trop forte pour discuter tranquillement les avaient obligés à aller à l’écart des fêtards. Pendant de longues heures, ils avaient ainsi fait connaissance. L’atmosphère avait été détendue, il l’avait fait sourire, parfois même rire. Mais à cette époque, Leena était dans sa passe « anti-garçon », et très vite elle l’avait mise au courant, qu’elle n’était pas prête à se mettre en couple. A son grand étonnement, le jeune homme n’avait cependant pas lâché prise et, pendant plusieurs mois qui suivirent cette belle rencontre, il fit tout pour qu’elle lui ouvre la porte de son cœur. Il avait mis tout en œuvre pour parvenir à ses fins, et finalement, Leena s’était rendue compte, qu’elle commençait peu à peu à ne plus pouvoir se détacher de lui. Elle ne s’y était pas attendue, donc pas préparée, mais un soir, elle fini par répondre aux avances du jeune homme, et, bien qu’il fut surpris, il ne laissa pas passer sa chance. Les semaines suivantes furent magiques, aucun des deux ne parvenaient vraiment à réaliser ce qui se passaient entre eux. L’euphorie était omniprésente, ils ne se lâchaient à présent plus, passaient le plus clair de leur temps libre ensemble, et plus les mois passaient, plus les sentiments de la jeune femme à son égards ne faisaient qu’accroître. Elle n’y avait pas cru, mais son cœur avait eu raison d’elle. Oui, Leena était tombée amoureuse de ce charmant jeune homme. Ses amies avaient elles aussi du mal à y croire. Depuis plusieurs années, elle connaissaient la Leena volage, qui papillonnaient d’homme en homme, sans jamais se poser, prétextant qu’aucune chaussure n’allait à son pied. Comme une cendrillon qui attendait son prince charmant, la demoiselle s’était rendue compte que la « chaussure » Nate lui allait comme un gant… Son insistance avait payé.
Leurs lèvres avaient du mal à se décoller l’une de l’autre. Encore aujourd’hui, chaque baiser semblait aussi délicieux que le premier qu’ils avaient échangé. A la fois doux, tendre, passionné et sensuel, ils lui procuraient toujours des frissons, qu’elle ne parvenait presque jamais à contrôler.

« Hummm, attend, laisse moi réfléchir… et si … » commença-t-elle en faisant mine de réfléchir.

Et si… et si on faisait un bébé ? Non. Même si elle mourrait d’envie de lui demander, elle ne le ferait pas. Par peur qu’il prenne la fuite. Par peur de le perdre. Il lui faudrait aborder ce sujet comme si elle marchait sur des œufs. Et ce n’était pas le moment. L’instant où elle se lancerait devrait être choisi avec délicatesse, et aujourd’hui n’était pas la journée propice à ce genre de discussion. Les mains posées dans le dos du jeune homme se déplacèrent jusque dans sa nuque, qu’elle effleura du bout des doigts, avant de venir s’accrocher au col de sa chemise. Son attache lui permit de l’attirer de nouveau à elle, pour qu’elle puisse déposer un énième baiser sur les douces lèvres de Nate.

« Et si on faisait ce qu’on a l’intention de faire là, et qu’on décide ensemble pour le reste de la journée ? » finit-elle ensuite, sans vraiment d’idée à suggérer.

Elle sentait le regard de son fiancé parcourir son corps sans gêne, et ne pu s’empêcher un petit sourire tendre. Leena aimait le voir la regarder comme cela, le sentir désireux d’en voir plus, d’en toucher plus. Mais Nate prenait son temps, laissant le désir entre eux s’installer de plus en plus à chaque instant. Il était comme un petit enfant, le matin de Noël déballant avec ravissement son nouveau jouet posé devant le sapin. Prenant enfin les choses « en main », le jeune homme l’incita à s’allonger plus confortablement sur le lit, afin de continuer avec douceur le reste de ses opérations. Déjà, il s’était installé au dessus d’elle, et, même si l’envie vint à la demoiselle de venir déboutonner les boutons de sa chemise, elle ne pu mener à bien son désir, puisqu’il lui bloqua les deux mains en tenant fermement ses poignets sur l’oreiller. Elle aimait l’emprise qu’il avait sur elle, à la fois sauvage et tendre, un mélange qui avait le don de la faire fondre. D’ailleurs, lorsque son fiancé commença à poser ses lèvres sur sa peau, Leena sentit son dos se cambrer légèrement, et, fermant les yeux, et laissa échapper d’entre ses lèvres un léger soupir. Dieu que c’était bon. Il faisait chaud dans la chambre, et pourtant, sa peau se recouvrit bien vite d’une jolie chaire de poule, consécutive des doux baisers que lui prodiguait son homme. Il parcourait son corps avec délice, n’oubliant aucune parcelle de sa peau déjà hâlée en ce début d’été. Quand les lèvres du jeune homme remontèrent peu à peu vers la bouche de Leena, la jeune femme entoura le bassin de Nate avec ses jambes, l’emprisonnant alors lui aussi à son tour, puisqu’elle ne pouvait pas –et n’essayait pas- bouger ses poignets. Ses yeux se rouvrirent, et elle tenta, en vain, d’arracher un baiser au jeune homme, mais celui-ci semblait prendre un malin plaisir à la faire languir.

« Tant pis, je m’en passerai » répondit-elle dans un murmure.

La suite des évènement furent rapide. Dès qu’il lâcha son emprise sur les poignets de Leena, la belle ne prit que quelques secondes pour prendre sa décision : s’aidant de ses jambes, enroulées autour du bassin de Nate, elle le fit basculer sur le côté, pour venir se mettre à califourchon sur lui, totalement nue. Un petit sourire malicieux au visage, elle effleura de ses lèvres le cou du jeune hommes, puis les lèvres. D’une main, elle parvint à détacher les premiers boutons de sa chemise, puis vint déposer deux premiers baisers sur son torse.

La femme de sa vie.
Nathaniel ne l’avait ni activement recherché ni n’en avait dressé le portrait idéal. Mais, en cette chaude soirée de fin d’été, elle s’était imposée à lui comme une évidence. Loin des clichés et de toutes ces considérations, un flot de sentiments nouveaux l’avait aussitôt submergé. A ce moment-là, Nate n’était pas dans l'habit du nouveau venu ni du journaliste. Rien de tout cela. Il comptait seulement donner la meilleure image de lui car la franchise de Leena lors de leur rencontre ne lui avait pas laissé d’autres choix. De jour en jour, il s’était amusé de constater avec quelle ténacité il s’employait à la séduire. Ses premiers refus ne lui avaient rien enlevé de son enthousiasme et l’avaient même poussé à redoubler d’efforts. Du haut de ses vingt quatre ans, il n’aurait pas imaginé agir ainsi pour séduire une femme alors qu’il n’avait jamais eu à le faire auparavant. Néanmoins, avec Leena, tout était différent et cela se voyait encore aujourd’hui. Seuls ses sentiments continuaient d’évoluer pour ne jamais atteindre leur paroxysme, car chaque jour était l’occasion d’apprécier un nouveau pan de la vie qu’ils partageaient.
Parfois, Nate pouvait avoir la désagréable impression que les jours passaient lentement mais il était toujours surpris de constater que sa relation avec Leena durait depuis trois ans. Trente six mois et il lui semblait qu’ils n’en étaient qu’à leurs débuts. Ils étaient à peine fiancés et des tas de projets s’offraient à eux bien qu’ils en parlent encore peu. Une situation qui faisait de lui l’homme le plus accompli et de Leena la femme idéale.

Il l’aimait d’une façon telle que tous les superlatifs imaginables semblait bien creux pour le laisser s’exprimer. Mais, le couple s’apprêtait présentement à se prouver leur amour d’une manière bien plus concrète. Progressivement, Nate sentait le désir s’emparer de lui et de chacun de ses membres à une vitesse déconcertante. Et le contact de leurs deux corps semblait transmettre cette sensation, telle une maladie infectieuse. Comme à chaque fois, il se plaisait à redécouvrir ce corps aux courbes si parfaites et le doux soupir de sa fiancée le poussait à continuer encore et encore. C’était un sentiment si rassurant que de la savoir comblée par lui. Que pouvait-il demander de plus ? L’emprise qu’il exerçait sur Leena lui permettait de ressentir au plus près ses émotions, comme le frisson qui venait tout juste de l’envelopper. Aussitôt, un sourire doucereux se dessina sur ses lèvres, visiblement satisfait de l’effet qu’il lui procurait. Les jambes de sa future épouse finirent par s’enrouler autour de son bassin, lui arrachant ainsi un nouveau sourire. Il aimait la façon dont leurs corps se rapprochaient dans ce genre de moment, signe que leur bulle d’intimité les enveloppait et que plus rien ne comptait. D’où la raison de son silence soudain. Si il s’était écouté, Nathaniel lui aurait déjà répété une bonne centaine de fois combien il était amoureux mais, en fin de compte, ses gestes remplaçaient brillamment tous ces mots devenus superflus. Relâchant son étreinte pour mieux apprécier le corps de sa partenaire, Nate n’eut guère le temps de poursuivre son idée qu’il se retrouvait sur le dos en moins de temps qu’il n’en faut pour s’en rendre compte. La réaction calme et posée de Leen' l’avait fait sourire quelques secondes auparavant. Puis sa détermination à prendre le dessus, son sourire malicieux, tout cela mélangé le confortait dans l’idée que Leena savait également comment s’y prendre pour le rendre plus désireux que jamais. Désormais, son corps nu lui était entièrement exposé et son regard était littéralement absorbé. Ses mains suivirent délicatement le trajet de sa chute de reins, avant que sa fiancée ne se joue de lui en ne faisant que l’effleurer de ses lèvres. Et ce choix fonctionnait parfaitement. Ses mains immobilisées sur ses hanches, il la regarda déboutonner un à un les premiers boutons de sa chemise d’une main experte et la laissa faire .. un temps, car la tentation de l’embrasser à nouveau était trop forte. Ou était-ce lui qui était trop faible pour oser lutter plus longtemps ? A l’aide de ses coudes, il se releva à demi, puis entièrement, ses mains appréciant aussitôt après, le contact délicat de sa peau onctueuse, de ses omoplates saillantes tandis que ses lèvres se scellaient aux siennes dans un baiser langoureux. Sans vouloir paraître impatient, il déboutonna les derniers boutons de sa chemise à l’aide de ses deux mains et la retira d’un geste adroit. Celle-ci rejoignit le bord du lit, et glissa finalement au sol. Leurs baisers s’intensifiaient à mesure que leur envie se faisait plus palpable et Nate acceptait seulement de se détacher de celles de sa fiancée lorsque l’oxygène venait à manquer. Il profita également de cette situation pour reprendre le dessus même si l’inverse lui convenait tout aussi bien. D’abord sur le dos, il en profita pour resserrer son étreinte et bascula doucement sur le côté. Ses mains se placèrent sur les hanches de Leen’ et ses lèvres au creux de son cou pendant de longues minutes. Minutes au cours desquelles ses derniers vêtements subirent le même sort que sa chemise, échoués au sol sans aucune autre signification. Puis, dans un mielleux mouvement de bassin, il entra en elle, son regard clair ancré au sien. Sa langue vint effleurer ses lèvres, avant de s’immiscer entre elles et de l’embrasser avec appétit. Ses mouvements de bassin, lents et gracieux, illustraient son désir de savourer pleinement ce moment d’intimité mais, de longues minutes plus tard, bercé par un plaisir plus palpable et difficilement gérable, ses mouvements prirent progressivement une ampleur plus dense. Chacun s’abandonnant littéralement à l’autre. Son souffle chaud, entrecoupé de râles de plaisir, vint se perdre au creux de son cou, là où Nate trouvait refuge. Ses doigts entremêlés aux siens exercèrent une certaine pression jusqu’à ce que ce leurs deux corps ne se détachent. Le jeune homme resta tout de même au-dessus de sa partenaire, échangeant quelques baisers en même temps qu’il tentait de calmer sa respiration. Là, une idée lui traversa l’esprit et il l’exécuta sans tarder. Il choisit la main gauche de sa future épouse d’un geste non anodin, pour la placer sur sa poitrine, là où son coeur tambourinait fort et lui murmura le plus simplement du monde un nouveau :

« Je t’aime. »

Tour à tour, les deux fiancés jouaient l’un de l’autre pour faire monter le désir naissant entre eux deux. Il l’aimait, elle l’aimait. Il la désirait, elle le désirait plus que tout au monde. L’alchimie parfaite pour passer de bons et tendres moments ensemble. Tantôt dominants, tantôt dominés, Nathaniel et Leena savaient exactement comment s’y prendre pour mettre son compagnon dans tous ses états. Et ils y parvenaient parfaitement. Les caresses prodiguées par Nate la rendait toute chose, fébrile à souhait, et le jeune homme semblait s’amuser de l’état dans lequel il parvenait à mettre sa fiancé. La jeune femme s’adonnait totalement à lui, plus désireuse que jamais d’unir leur deux corps une nouvelle fois.
Mais la jeune femme n’aimait pas paraître non plus trop soumise et, pour pallier à cela, prit la position dominante, dès que l’occasion se présenta à elle. Cette prise d’initiative sembla charmer le jeune homme, qui pouvait à présent balader sur le corps nu de sa future femme ses mains douces et adroites. Il ne se fit pas prier une seule seconde pour venir y déposer ses doigts et la faire à nouveau frissonner de tout son soûl.
A chaque moment ensemble, Leena avait l’impression de redécouvrir encore et encore Nate. Elle ne se lasserait jamais de lui, de ses baiser, de ses caresses, ni de son regard pétillant posé sur elle avec envie. Dans ses yeux, elle se sentait belle, aimée et désirée, des sentiments qui ne pouvaient que lui donner une totale confiance en elle et en son couple. En trois ans, elle n’avait jamais vu une seule fois cette petite étincelle dans le regard de Nate s’éteindre, ou même s’affaiblir. Non. Plus le temps passait, et plus elle avait l’impression qu’elle grandissait encore et encore, comme si pour leur amour, l’infinité existait. Leur apogée semblait encore à des milliers d’années d’eux.
Les mots étaient en cet instant inutile, puisque Leena avait un regard qui en disait long sur la passion et le désir qu’elle ressentait pour Nate. Le jeune homme semblait dans le même état qu’elle, et il ne pu résister à se relever doucement pour attraper ses lèvres encore et encore. Pris par une envie subite d’accélérer les choses, il retira lui-même sa chemise. Nullement gênés par un morceau de tissus, leurs deux corps vinrent se coller, attirés comme des aimants. Ainsi collés l’un à l’autre, Nate pouvait percevoir, à travers sa peau, les battements de cœur de sa fiancé qui, depuis plusieurs minutes s’étaient intensifiés.
De longues minutes après des baisers échangés, Leena déboutonna le pantalon de Nate, qui fini au pied du lit, et, dans la foulée, lui ôta son boxer, dernier vêtement qui les empêchait de s’unir. La tension trop palpable entre eux, ils mirent fin à leur petit jeu de, et Nate entra en elle, doucement mais sûrement. En le sentant ainsi faire, Leena ne pu empêcher qu’un gémissement sorte d’entre ses lèvres. Pendant de longues minutes, ils avaient fait monter en eux le désir, jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus résister à l’envie de se sentir l’un dans l’autre. Elle s’accrocha à lui, telle à une bouée de sauvetage, de peur de partir à la dérive. Leurs lèvres collées l’une à l’autres ne semblaient pas vouloir se défaire. La respiration saccadée, le beau brun fini par prendre les mains de sa fiancée, pour entrelacer leurs doigts fermement. A bout de souffle également, Leena serrait ses mains d’une force inconnue. Plongeant son regard dans celui de Nate, son plaisir augmentait au fur et à mesure qu’il poussait ses vas et viens de plus en plus long et de plus en plus rapidement, jusqu’à que, mués par un désir maximum mutuels, les deux amoureux ne ralentissent la cadence, jusqu’à s’arrêter totalement. Le corps tremblant, Leena enlaça une nouvelle fois le bassin de son fiancé avec ses jambes et s’accrocha à son dos, voulant sentir de nouvelle cette chaleur entre leur deux corps. Doucement, une petite larme perla au coin de son œil, signe de l’incommensurable plaisir qu’il venait de lui offrir. Puis le jeune homme vint placer la main de Leena sur son corps, et elle pu alors sentir les forts et rapides battements dans sa poitrine. Un joli sourire revint sur son visage, et, après qu’il lui ai murmuré ses deux petits mots, Leena posa sa main droite sur la joue du jeune homme avant de murmurer, le plus sincèrement possible :

« Je veux un bébé Evans… »

C’était sortit tout seul, sans qu’elle n’y réfléchisse. Le moment serait peut-être mal choisi, quoi que, c’était un cri du cœur, une envie irrésistible de créer un mélange d’eux deux.

Impossible pour Nathaniel de décrire avec exactitude ce qu’il ressentait à ce moment-là, comme à chaque fois après avoir fait l’amour avec Leena. Hormis un sentiment de plénitude totale qu’il identifiait facilement, le reste demeurait hors de portée. Son coeur battait si fort contre sa poitrine qu’il se sentait imploser mais, aussi étrange que cela puisse paraître, cette sensation lui procurait un bien-être absolu. Il y avait certes une part d’efforts physiques mais également le présence de tous ses sentiments envers sa future épouse. Son coeur battait différemment lorsqu’il se trouvait en sa présence ou lorsqu’un souvenir de leur couple lui revenait en mémoire. Oui, il aimait cette femme comme un fou. Cette femme. Sa femme. Sa raison.
Malgré une respiration encore saccadée, son sourire restait figé dans sa plus belle pose. Ses yeux - rendus plus foncés par le désir qui venaient de le consumer - étaient absorbés dans la contemplation du corps que Nate venait de posséder. Mais il n’y avait pas que ça. Comment passer outre son regard noisette qui le faisait toujours rêver, ses pommettes saillantes révélant parfois de petites fossettes, son nez mince et parfaitement dessiné, sa façon de laisser promener ses fines mains le long de son corps, ou encore sa façon de l’embrasser; d’une façon dont elle seule avait le secret ? Que dire également des multiples expressions de son visage, toutes plus séduisantes les unes que les autres ? Savoir que cette femme serait son épouse dans un proche avenir l’emplissait d’un bien-être inégalable. Délicatement, il laissa librement courir le bout de ses doigts le long de son corps alors que, pleine de grâce, Leena enroulait à nouveau ses jambes autour de son bassin, renforçant ainsi la proximité de leurs corps en sueur. Leur bulle d’intimité définitivement formée, Nate espérait que cet instant ne cesse jamais et aurait tout donné pour voir son voeux exaucé.

Laissant sa spontanéité s’exprimer, il plaça subtilement la main gauche de sa fiancée contre son coeur. Loin de lui l’idée d’imaginer une telle spontanéité de la part de Leena en retour.
Un bébé ??!!
Une sensation étrange parcouru alors l’entièreté de son corps, le laissant dans un état jusque-là inconnu. Son regard toujours ancré au sien, il demeurait silencieux tandis que des tas de pensées se débattaient entre elles. De quelle façon devait-il interpréter cet aveu de spontanéité ? Etait-il censé répondre quelque chose de spécial ou laisser parler sa surprise ? Une agréable surprise cependant. A ceci près qu’il n’avait aucune idée de l’expression de son visage ni des mots qui allaient composer sa réponse. Car oui, Leena devait attendre une réponse ou guetter la moindre réaction de sa part. Une attente probablement insoutenable. Cette annonce semblait l’effrayer mais certainement moins que l'attente de sa compagne. A moins que cette remarque ne soit pas aussi spontanée qu'en apparence. Non. Impossible. Son regard ne trompait pas.
Son propre silence serait-il interpréter comme un refus pur et simple, comme un acte d’indifférence ?
Il se représentait Leena lui annonçant la nouvelle de sa grossesse. Comment aurait-il réagi une fois pris au fait ? Instinctivement, il s’imagina lui adresser un sourire rassurant, la prendre dans ses bras et se perdre dans l’expression de sa joie. En réalité, Nathaniel ne s’était jamais porté sur l’avenir au point d’imaginer sa vie de famille. Cela avait néanmoins changé lorsque Leena était entré dans sa vie. Depuis, il avait évidemment réfléchi à cette éventualité sans jamais pousser plus loin dans la réflexion. Dans son esprit, le mot ‘bébé’ s’associait parfaitement à ‘plus tard’. Leur mariage approchant à grands pas, Nathaniel avait réfléchi plus longuement sans jamais oser aborder le sujet. Sans connaître pourtant la raison de ce mutisme inhabituel. Est-ce que le simple fait d’y penser faisait de lui un homme prêt à accepter ses responsabilités de père ? D’ailleurs, comment pouvait-il savoir si il était prêt ou non ? D’une certaine façon, cette question resterait éternellement sans réponse. Répondre par l’affirmative ne lui procurerait aucun confort car il n’éprouvait aucun sentiment de peur ni d’appréhension. Non. Il n’avait pas besoin d’être rassuré et n’avait pas non plus besoin de temps. Au travers d’un point de vue récent de quelques secondes, leur mariage ne constituait plus qu’une façon parmi d’autres de se prouver leur amour. Celui-ci ne ferait qu’officialiser cet amour, à leurs yeux comme à celui des autres mais Nathaniel l’avait déjà crié sur tous les toits. La Une du journal qu’il avait réservé à celle dont il été amoureux avait laissé des traces. Aujourd’hui encore. Sa réputation était faite. Et si cela était à refaire, il recommencerait sur le champ. Un enfant serait une preuve irréfutable de la flamme qui les animait depuis près de trois ans. Plus exactement, le fruit de leur amour. Et il n’existait probablement pas de meilleures façons.
Conscient que sa réponse se faisait attendre, Nate lui adressa d’abord un grand sourire bien qu’au final, cela ressembla plus à un timide sourire.

« C’est .. je crois que c’est la meilleure suggestion que tu puisses soumettre .. »

Visiblement troublé par la remarque de sa fiancée, Nathaniel avait la désagréable impression de s’exprimer avec force maladresse. Cette dernière remarque qui résonnait encore dans son esprit, comme une phrase entendue dans l'une de ces soirées où toutes les conversations s'arrêtent d'un commun accord pour laisser entendre une seule et unique remarque. Son allusion à sa précédente question n’avait peut être pas lieu d’être et dans ce cas là, il comprendrait parfaitement que Leena ne le traite de tous les noms pour se décharger de sa frustration. Puis, s’était-il montré assez clair ou, au contraire pas assez ? Comme toujours dans ces cas-là, au delà des mots, ses baisers parlaient pour lui. L’occasion était parfaite pour ne pas déroger à la règle. Nate relâcha la main gauche de Leen’ et approcha doucement son visage du sien jusqu’à effleurer ses lèvres, où il inséra sa langue pour l’embrasser avec conviction.
En tous les cas, il espérait s'être montré suffisamment convaincant pour que leur étreinte reste telle quelle et ne se brise sous aucun prétexte.

Le plaisir qui l’avait submergé quelques minutes auparavant l’avait comme transportée dans un monde parallèle, où seul l’amour et les sentiments étaient au rendez-vous. Ne répondant plus vraiment d’elle-même, Leena avait laissé parler son cœur pour elle, sans que sa raison puisse venir s’interposer. Alors, pour la première fois depuis plusieurs semaines, la jeune femme avait osé, sans vraiment s’en rendre compte, avouer à Nathaniel qu’elle avait plus qu’envie d’avoir un enfant de lui. On ne pouvait pas dire que la tâche avait été vraiment difficile, du moins sur le moment présent, puisque c’était sortit tout seul, sans qu’elle puisse contrôler ses paroles. Peut-être que si elle y avait plus réfléchis, Leen’ aurait tourné plusieurs fois sa langue dans sa bouche avant de parler, et peut-être que même, elle se serait finalement résolue à ne rien dire, à remettre à un autre jour cet aveu, cette demande.
Quand elle était gamine, Leena, s’était amusée, sûrement comme toutes les petites filles, à planifier sa vie d’adulte. Elle avait tout prévu : l’âge auquel elle rencontrerait l’homme de sa vie, puis la date de son mariage, deux ans plus tard, et bien sûr, la venue au monde de son premier enfant, suivit de deux autres par la suite. Ainsi, si elle avait suivit à la lettre ses délires enfanteresque, elle se serait mariée à l’âge de 23 ans, avec Mr Parfait, qui jouerait au golf avec son beau-père, et aiderait sa belle-mère à faire la vaisselle. Un an plus tard, serait venue au monde une jolie petite fille, qu’elle aurait prénommée –sans même demander l’avis du papa-, Heaven. Parce que ça aurait été son petit brin de paradis, une jolie petite fille au visage angélique, qu’elle aurait aimé plus que tout au monde. Quand Heaven aurait eu 3 ans, son petit frère (cette fois ci, elle n’avait pas choisi le prénom), serait arrivé. La petite famille aurait vécu à Savannah, dans une jolie maison, avec vue sur la mer, un beau jardin avec balançoire, transat et parasol, sans oublier un chat qui dormirait à l’ombre sous un arbre.
Mais on sait tous qu’une vie aussi parfaite ne marche que dans les livres, voire même uniquement dans les comptes de fées. Evidemment, au fil des années, Leena s’était vue retarder les échéances du début de sa vie « parfaite » avec monsieur Parfait. Nate ’était pas parfait, mais, sans grand étonnement, elle préférait finalement largement un homme avec des défauts, plutôt que de passer sa vie à s’ennuyer d’une vie trop blanche. Non. Finalement, Nate était son homme parfait à elle, avec quelques défauts, qui, parfois la mettait hors d’elle, et parfois (le moins souvent) la faisait fondre. Malgré tout, elle arrivait à un âge où, toute femme normalement constituée, ne pouvait s’empêcher de penser aux enfants. Nombreuses de ses amies avait déjà un bébé à câliner, et elle commençait à être lassée qu’on lui demande « et toi alors, Leen, c’est pour quand le projet bébé avec Nate ? » La réponse était à chaque fois la même « C’est pour bientôt, c’est pour bientôt… », alors qu’après tout, elle n’en avait aucune idée. La jeune femme ne voulait pas être une de ces « vieille maman », aigrie, et pourtant son âge avançait, et bientôt elle aurait trente ans ! Trente ans !

Bien ses mots n’avaient pas été sortis sous la forme d’une question, Leena attendait une réponse de la part de son cher et tendre. Elle avait guetté d’un œil expert sa première réaction, et à vraie dire, la jeune femme ne savait pas trop quoi en penser. Pendant de longues secondes, qui lui semblèrent interminables, Nate s’était contenté de rester silencieux, sans pour autant dévier sans regard. Il semblait totalement absorbé par ses pensées, que Leena n’imaginait pas à son avantage, évidemment. Lorsqu’on attendant plus que tout une réponse qui nous tient à cœur, on imagine toujours le pire ! Déjà, elle attendait une réponse négative de sa part, et les yeux de la jeune femme exprimaient en cet instant une crainte et une peur du refus. Quelle idiote ! Pourquoi lui avait-elle annoncé cela comme ça ?! Elle venait de gâcher leur journée, leur week-end, qu’ils passeraient certainement à se disputer à présent. Mais son désarroi ne diminua pas, lorsqu’enfin, Nathaniel prit la parole. Les mots qui sortirent de sa bouche étaient loin d’être ceux que Leena attendait. Et encore une fois, elle eu du mal à le comprendre. Ce n’était ni un oui, ni un non, et pour tout dire, la jeune femme perçut sa réponse comme une façon délicate de ne pas la vexer par un « non » définitif. Les quelques mots de Nate la firent arquer les sourcils, tentant au mieux de paraître étonner, et non vexée. Et pourtant, elle l’était. Dans l’incompréhension totale, elle s’apprêta à répondre quelque chose, lorsque le jeune homme l’embrassa. Mais plongée dans son désarroi, dans sa déception, Leena perçut ce geste une nouvelle fois à tord, comme moyen de la faire taire et de clore le sujet qu’elle venait de lancer. Elle se laissa faire quelques secondes avant de se détacher de lui, et la demoiselle sortit du lit, avant de prendre la direction de la salle de bain, totalement nue.

« Je vais prendre une douche », dit-elle en tournant le dos à son fiancé.

Déçue et vexée, Leena tentait de ne pas trop le montrer, du moins physiquement. Mais il était évident qu’elle n’avait pas très bien prit l’hésitation de Nate, même si, elle devait le reconnaitre, elle l’avait très certainement surpris et prit de court pour sa déclaration.
Elle passa devant le plateau petit-déjeuner que Nate lui avait préparer une heure plus tôt, mais n'y jeta même pas un coup d'oeil. Tout ça lui avait coupé l'appétit. Arrivée dans la salle de bain, elle soupira, blasée. Elle se sentait idiote.

Quel con !!
A l’instant précis où ses mots résonnèrent dans la pièce, Nathaniel fut certain du climat pesant qui s’installerait ensuite. En toute logique, il aurait pu renoncer à répondre de cette façon mais son empressement à lui apporter une réponse venait de flouer son jugement. Un homme plus censé aurait certainement goûté à tous les stades du bonheur, jusqu’à atteindre son paroxysme après une telle annonce. La réaction de Nate incarnait tout le contraire, sonnant comme un comportement à ne surtout pas reproduire. L’un de ceux strictement proscrit. Pourquoi diable suivre un tel schéma si l’idée d’un bébé dans leur vie ne l’effrayait pas ? Complètement démuni, Nathaniel se sentait perdu tout à coup. Son assurance venait de fondre comme neige au soleil et l’abandonnait dans un courant ininterrompu de questions.
Comme si cela ne suffisait pas, il avait enfoui ses derniers espoirs dans un baiser qu’il espérait salvateur. L’effet contraire se produisit, renforçant par la même occasion le climat de malaise qui s’installait peu à peu. Nate comptait sur la douce proximité de leur étreinte pour trouver une nouvelle réponse à laquelle se raccrocher mais la réaction - justifiée - de Leena lui retira tout espoir en ce sens. Loin de lui l’idée de la blâmer pour cela, cette réaction était la version allégée de celle à laquelle il s’était attendu. D’une voix inhabituelle, mélange de tristesse et de déception, elle lui faisait savoir de façon laconique qu’il était un parfait idiot. Ce qu’il était assurément.

« Atte .. »

Instinctivement, une envie irrépressible de se fondre dans un flot d’excuses l’envahit mais à quoi bon s’excuser ? S’excuser de la décevoir, de ne pas avoir répondu correctement ? En faisant cela, il ne ferait que s’enfoncer un peu plus. Nate avait déjà la tête sous l’eau et la surface lui semblait encore loin de portée alors inutile de faire parler l’instinct.
Impuissant, il la regarda quitter la pièce pour celle adjacente et ne se leva pas immédiatement à sa suite. En réalité, lorsque Leena quitta la pièce, il surprit son reflet dans le miroir posé contre le mur en face. L’expression de son visage ne correspondait pas du tout à celle qu’il pensait arborer. C’était celle d’un homme perdu, effrayé et peu confiant. Un tel mélange ne pouvait évidemment pas rassurer sa fiancée. Face à face avec son pauvre reflet, il s’invectiva silencieusement avant de se lever d’un bond. Sans difficulté, il repéra son boxer au sol et l’enfila avant de rejoindre la salle de bains à son tour. Une minute devait s’être écoulée en tout et pour tout mais, bizarrement, une éternité semblait les avoir séparé. A mesure que ses pas faisaient craquer le parquet de la chambre, troublant ainsi le silence à intervalles réguliers, Nathaniel avait la désagréable sensation de marcher sur des oeufs.
Avalant une grande bouffée d’oxygène, Nate passa rapidement en revue la situation. Désormais, il était de son rôle de rattraper une grossière erreur qu’il mettrait lâchement sur le compte de la surprise. A quelques mètres de lui, Leena devait probablement regretter ses paroles et cette idée entraîna une drôle réaction de sa part. Celle-ci le prit au ventre et, mû par une détermination soudaine, ses pas devinrent plus assurés. En aucune façon, il n’avait le droit de laisser sa compagne dans un tel état d’incompréhension, ni même la laisser se poser trop de questions. Car il n’y avait aucune question à se poser. Nathaniel n’avait pas l’intention de refuser le dialogue ni de rester plus longtemps dans la passivité. Le fait que leur moment d’intimité se soit si brusquement interrompu l’attristait suffisamment pour tout mettre en oeuvre de façon à oublier cet épisode et retrouver le sourire de Leena. C’était tout ce à quoi il aspirait : un sourire de la part de sa future épouse.
D’autant plus qu’il détestait voir Leena ainsi, triste par sa faute de surcroît. Il aurait pu demeurer immobile et l’observer en silence, prendre conscience de ce qu’il venait de causer. Chose qu’il ne fit pas. Quel intérêt à cela sinon à démontrer son incapacité à masquer sa stupidité ? Leena devait seulement attendre de lui sa franchise, celle comme au premier jour.

« Oui .. évidemment que oui je veux un enfant avec toi. »

Sans plus attendre, Nathaniel s’interposa entre la porte de la douche et Leena, comme un arbitre souhaitant calmer le jeu. Ainsi, sa fiancée devrait trouver une autre excuse pour le fuir. Et pour se défaire de lui; ses grandes mains s’immobilisant alors sur ses joues.

« Je t’ai demandé ta main parce que je sais que tu es la femme idéale, celle avec qui je veux être constamment, celle avec qui je veux passer toute ma vie .. mais aussi celle avec qui je veux fonder une famille, avoir des enfants. »

Après cette nouvelle explication, Nathaniel déglutit avec difficulté tant sa gorge était sèche. Le regard de Leen’ était étrangement difficile à déchiffrer. Ses mots lui avaient paru assez sincères mais il n’avait aucun moyen d’en être certain. Finalement, il était juste certain de nager en plein océan d’incertitude. Une vague géante menaçant de l’engloutir à tout moment. Auquel cas, ce week-end d’apparence tranquille se transformerait en véritable chemin de croix.

A de nombreuses reprises depuis plusieurs mois, Leena s’était imaginé cette discussion autour du sujet « bébé ». Cela lui tenait tellement à cœur, qu’elle se « rassurait » en se préparant au pire des scénarios, comme au meilleur. Dans ses pensées, elle avait vu Nathaniel partir, sans même répondre ou faire une remarque à sa question. Ou alors changer de sujet, feignant de n’avoir pas entendu son « j’aimerai un enfant de toi ». A d’autres moments au contraire, elle l’imaginait, brandissant un énorme sourire, la prendre dans ses bras et l’embrasser tendrement, avant qu’ils ne fassent l’amour, tout de suite, pour essayer de faire un bébé dans la foulée.
Mais évidemment, rien ne se passe jamais comme on l’a imaginé, et Leena en faisait les frais à cet instant. La réponse de Nathaniel l’avait vexée. Il avait été trop long à répondre, et trop hésitant dans ses paroles, qu’elle se demandait s’il avait vraiment envie de faire sa vie avec elle. « Faire sa vie » n’incluait-elle pas fonder une famille, avoir des enfants ? Peut-être que lui ne le voyait pas de cette manière. Que la vie qu’ils menaient aujourd’hui, juste tous les deux lui suffisait amplement et qu’il ne ressentait ni le besoin ni l’envie de faire un enfant, un mélange de deux, une concrétisation ultime de l’amour qu’ils se portaient mutuellement. Déçue, elle s’était contentée de se lever et de partir, n’ayant pas la force de rentrer dans un débat qui aurait pu se révéler houleux. Elle fuyait le conflit, aujourd’hui tout du moins, et préférait le laisser seul. Peut-être qu’il réfléchirait à sa réaction, sur ce qu’il venait de dire, ou plutôt sur la façon dont il l’avait dite et reviendrait sur sa façon d’être ? Rien n’était sûr, mais pour le moment, elle n’avait qu’une envie, être seule, et se sentir idiote le plus possible. Cela faisait tellement de bien, n’est-ce pas ? Ironie quand tu nous tiens…
Leena était tellement plongée dans ses sombres pensées, dans ses regrets et dans ses remords des minutes précédentes, qu’elle n’entendit même pas son fiancé se lever et se « lancer » à sa poursuite. Si elle l’avait entendu, la jeune femme aurait très certainement accélérer le pas, et se serait enfermée à clé dans la salle de bain. Chose qu’elle ne pu pas faire évidemment, puisqu’à peine eut-elle entendu les mots du jeune homme, qu’il vint se placer entre elle et la douche, l’empêchant ainsi d’y accéder.

« Laisse-moi passer » répliqua-t-elle, en croisant les bras sur sa poitrine, avant de soupirer bruyamment, insolente.

Têtue comme une mule, elle feignit de n’avoir pas entendu ce qu’il venait de dire, mais en pris tout de même bonne note. Mais était-il sincère, où était-ce seulement une technique pour qu’elle se déride ? S’il avait dit cela pour qu’elle retrouve son sourire et sa bonne humeur qui venait subitement de la quitter, il se mettait le doigt dans l’œil, cela ne marcherait pas ! Leena était une chieuse et quand on la piquait dans son égo, dans sa fierté, elle ne pardonnait pas de si tôt. Son visage s’était refermé, et on pouvait y lire un mélange de colère, de tristesse et de déception, des sentiments jamais très agréables à ressentir. Mais Nate semblait décidé à se faire entendre, et pour capter toute l’attention de sa future épouse, il posa ses deux mains sur ses joues, obligeant ainsi la jeune femme à le regarder. Puis il prit la parole. Leena écouta chaque mot avec attention, et le discours de son fiancé sembla l’apaiser… très légèrement. Son sourire ne réapparu pas pour autant et ses bras restèrent croisés en signe de protestation.

« J’aurai aimé que tu me montres un peu plus d’enthousiasme, si tu veux un enfant, toi aussi comme tu le dis ! T’as eu l’air si déconcerté ! A croire que tu n’y avais jamais pensé ! »

Elle marqua une pause, fronçant les sourcils en repensant aux derniers mots qu’elle venait de dire. Nate n’avait-il jamais pensé à l’idée d’avoir un enfant avec elle ? En trois ans ? En parlant fiançailles, mariage et toute une vie ensemble… ?

« Tu… tu n’y avais jamais pensé ? » demanda-t-elle alors, cette fois ci plus d’un air triste qu’en colère.

D’une manière plutôt étrange, il lui semblait assister à la scène en tant que spectateur. Ce que Nate pouvait faire ou dire ne semblait rien changer au cours des événements. Alors, une seconde, son visage s’assombrit pour la simple et bonne raison qu’il saisissait le tenant et aboutissant de la conversation. Sa première réaction ne jouait évidemment pas en sa faveur mais prenait des proportions plus importantes que ce qu’il imaginait jusqu’alors. Sans le vouloir, il avait poussé Leena dans ses derniers retranchements, déclenchant par la même sa colère. La discussion promettait donc d’être tendue. Comme une voiture lancée à toute vitesse, rien ni personne ne pouvait présager de la suite. Malgré trois ans de relation, Nathaniel n’était jamais parvenu à empêcher sa compagne de trouver refuge dans son entêtement. Il ne savait comment reprendre la situation à son avantage et, bien souvent, cela finissait en dispute. Une chose qu’il voulait éviter à tout prix aujourd’hui. Si il le fallait, Nathaniel était prêt à subir les remontrances de sa fiancée - justifiées ou non - et à supporter son caractère de chieuse si, au final, Leena lui laissait au moins l’opportunité de s’expliquer. Pour le moment, ses bras croisés représentaient tout sauf une invitation à en dire plus. Pourtant, c’est ce qu’il entrepris.

Jusqu’à quelques minutes en arrière, le couple n’avait jamais abordé ce sujet-là sans que, toutefois, leur silence sur la question ne traduise un accord tacite. Cela conditionnait-il une quelconque réponse préconçue de sa part ? Nathaniel en doutait fortement. Il aurait aimé que Leena soit plus tolérante. Après tout, sa remarque avait créé une telle surprise qu’il était normal que sa réaction ne soit pas spontanée. Néanmoins, il ne doutait pas des arguments que sa fiancée pouvait énumérer à l’instant même. Son manque de réaction illustrait peut-être un manque d’engagement ? Un manque d’envie ? L’idée que sa compagne formule ce genre de doutes l’effrayait; elle se fourvoyait mais il semblait manquer de tout pour lui prouver le contraire.
Sa sincérité constituait donc son dernier espoir pour lui arracher un sourire. En vain. Leena était l’être le plus têtu qu’il connaisse, probablement l’incarnation même de l’obstination. Cela dit, il pensait avoir avancé dans la discussion mais la réponse de sa fiancée renvoyait cette idée aux calendes grecques. Et comme si cela ne suffisait pas, elle semblait remettre sa sincérité en question.
N’avait-il jamais envisagé la possibilité de concevoir un enfant avec elle ? Avait-elle seulement écouté ce qu’il venait de lui dire ? Plus les secondes défilées, plus il lui semblait que la discussion tournait en rond. Cela ne prêta pas à conséquence, sa détermination demeurant à l’identique. Inflexible et inconditionnelle.

A présent, ses mains ne quittaient plus son visage. Nate requérait toute son attention mais la question de sa fiancée était suffisamment importante pour qu’elle n’envisage pas de prendre la poudre d’escampette. La bouche entrouverte, le jeune homme s’apprêtait à répondre à sa première remontrance lorsque sa question tomba comme une chape de plomb. Dans un autre registre, Nate aurait très probablement plaidé la démence. Comment pouvait-elle imaginer, ne serait-ce que l’espace d’une seconde, une chose pareille ? Jusque-là, Nate se complaisait dans l’idée que leur mariage était assez significatif pour ne pas avoir à répondre à une telle question. Apparemment, il se trompait.

« Oui ! Oui j’y ai déjà pensé ! Je ne t’aurai jamais demandé en mariage sans envisager un tel avenir ensemble, et j’aurai abandonné l’idée de te séduire si je n’avais pas su que tu étais celle que je voulais ! »

Visiblement surpris de s’entendre élever la voix dans pareilles circonstances, Nate baissa les yeux un instant pour inspirer une nouvelle bouffée d’air pur, en espérant qu’elle ait le don de le calmer. Il poursuivit alors avec un calme mesuré et une crispation contenue.

« Chérie .. je ne voulais pas te blesser, c’est juste que .. je ne sais pas, je t’ai toujours imaginé m’annoncer ta grossesse mais pas formuler ce désir .. comme ça. J’ai juste été surpris que ce soit si .. spontané mais ça n’enlève rien au fait que cette idée de bébé me plaît autant qu’à toi. »

Cette fois, Nate n’envisageait pas de s’intercaler à nouveau entre Leen’ et cette foutue douche. Malgré son désir de retrouver la simplicité de leur étreinte, il ne pouvait pas prétendre à accélérer les choses et à oublier ce semblant de dispute d’un tour de main. Le temps avait aussi ses effets. Malheureusement, il n’avait aucune envie de se montrer patient mais il semblait ne pas avoir le choix. Immobile, silencieux il guettait la réaction de sa compagne. Tout comme il guettait cette vague qui le menaçait encore et toujours, comptant presque les secondes avant qu’elle ne finisse par le prendre dans son rouleau.

A en croire par ses réactions, les hormones de Leena devaient déjà lui jouer des mauvais tours, rien qu’en entendant le mot « bébé » ! Généralement pas sujettes aux sautes d’humeur de ce genre, la frustration et la déception que Nathaniel ne lui ai pas littéralement sauté au cou après qu’elle lui ait avoué son désir semblait jouer d’elle et de son humeur.
Elle n’aimait pas se disputer avec lui, et souvent, Leena préférait « faire la tête » plutôt que de crier comme une folle, même si à certains moments, ça faisait du bien, il fallait bien l’avouer. La jeune femme avait un caractère bien trempé, qu’elle tenait de sa mère. Ses trois petites sœurs en avait elles aussi hérité, bien qu’en moins grande importance, et elles semblaient plus faciles à vivre. Quoi que, il faudrait certainement demander à leur compagnon respectif pour en être certain. Véritable chieuse, son comportement lui avait attiré pendant son adolescence pas mal de problèmes, et en particulier au lycée, avec ses professeur. Jamais elle n’avait hésité à faire une remarque désobligeante –justifiée ou non- en cours lorsqu’elle trouvait que quelque chose n’allait pas. Leena n’avait jamais aimé se faire marcher sur les pieds, mais elle avouait elle-même avoir de temps en temps dépassé les bornes, et mériter les quelques heures de retenues qu’elle s’était fait offerte à plusieurs reprises. A la maison, c’était à peu de chose près la même chose. Leena était la plus grande des enfants Warrington et, elle en était fière. Petite peste, elle avait prit à cœur pendant son enfance et son adolescence le fait de commander ses sœurs et son frère, bien qu’avec Liam, cela avait toujours été différent. Leurs parents les avaient souvent laissés les conflits entre eux, souhaitant que leur progéniture apprenne à se débrouiller seul. Leena avait adoré répartir les punitions, sans que son père ou sa mère n’eut été au courant. Bon, ce n’était pas non plus la méchante grande sœur, puisque le plus souvent, avait régné dans la maison familiale des Warrington une ambiance chaleureuse et bonne enfant.
Depuis qu’ils étaient ensemble, Nate avait eu plus fois le droit de voir le joli caractère de la demoiselle. Mais il n’avait pas fui pour autant, bien au contraire, puisqu’il lui avait demandé de devenir sa femme !
A son tour excédé par le comportement de sa fiancée, Nate haussa légèrement le ton, ce qui surpris Leena, ne s’attendant surtout pas à ce qu’il s’emporte ainsi. Elle n’avait pas l’habitude de le voir comme cela, puisque c’était plus elle généralement qui élevait la voix. Elle demeura alors silencieuse, étonnée, mais aussi agréablement surprise qu’il prenne en quelque sorte l’initiative de lui faire entendre ce qu’elle devait entendre.

« Je… »

Elle prenait conscience alors que sa réaction avait peut-être été légèrement excessive. Après tout, même si Nathaniel n’avait pas semblé fou de joie lorsqu’elle lui avait avoué vouloir un enfant, il n’avait pas pour autant froncer les sourcils et grimacer, avant de s’exclamer un véritable « c’est hors de question ! ». Non. C’était vrai qu’elle l’avait prit de court, elle s’en rendait à présent compte, et la réaction de Nate face au tempérament peu conventionnel de sa dulcinée était bien là pour lui faire comprendre qu’elle exagérait. La jeune femme sentait les mains chaudes de son fiancé sur sa joue, alors qu’elle frissonnait car, totalement nue depuis plusieurs minutes et à présent réchauffée par le corps à corps d’il y a quelques minutes, elle commençait à ressentir l’air frai de la pièce. Nate reprit. Le jeune homme avait rebaissé le ton. La colère de Leen’ s’était elle aussi envolée, et elle ressemblait plus à une petite fille penaude qu’autre chose. Aussi, avait-elle décroisé ses bras et son visage affichait plus un air désolé qu’une colère consumée.

« Tu… enfin, je prends la pilule, comment voulais-tu que je t’annonce par surprise une potentielle grossesse, je… je n’allais pas arrêter mon contraceptif et te faire un enfant dans le dos… » Dit-elle d’une petite voix.

Doucement, elle vint placer ses mains sur celle du jeune homme, posées sur ses joues. Elle se défit de ce contact, et entrelaça leurs doigts tendrement. La tempête semblait passée. Son regard ancré dans le sien, Leena ne sentait à présent encore plus idiote qu’il y a deux minutes. Un silence s’était installé entre eux, chacun se regardant sans vraiment quoi faire. Puis, le plus naturellement possible, Leen vint se blottir contre le torse de Nate.

« Je crois que j’ai réagis un peu excessivement, excuse-moi… » murmura-t-elle.

Pour la toute première fois, Nathaniel s’entendit élever la voix en s’adressant à sa compagne. Ces paroles le surprirent autant qu’à Leena, tous deux visiblement mal habitués à ce genre d’échange. Lorsqu’une dispute éclatait, sa fiancée élevait la voix ou se terrait dans un mutisme profond, refusant le dialogue. Quant à Nate, il essayait de jongler du mieux possible entre ces deux traits de sa personnalité. Tantôt, il la laissait lui exposer ses quatre vérités, mais un moment venait où l’occasion se présentait à lui d’assener une vérité à son tour. En somme, des remarques pas souvent agréables à entendre étaient échangées mais le couple parvenait à oublier ces moments-là. Ces disputes ne représentant qu’une goutte d’eau dans un vaste océan de plénitude. D’autres fois, l’absence de dialogue suffisait à les rapprocher, bien que le silence soit parfois difficile à supporter. Compte tenu de la situation présente, Nate eut réellement de la chance que sa première remarque ne le desserve pas. Il s’en voulait de se montrer sous un tel jour et son envie de s’excuser ne pouvait que s’accroître. Néanmoins, cette réaction inhabituelle sembla faire son effet sur Leena dont le masque de colère s’effaça. Elle finit même par ne plus se protéger au travers de ses bras croisés, stimulant ainsi une sensation apaisante chez son compagnon.
La spontanéité dont avait fait preuve sa fiancée quelques minutes auparavant pouvait, à tout moment, la rendre plus imprévisible encore. Finalement, un acte involontaire de sa part venait de mettre fin à cette appréhension grandissante, de la part de son interlocuteur.
Puis, face à son petit air désolé, le jeune homme souhaita la prendre aussitôt dans ses bras et oublier ce mauvais moment. Geste auquel il ne donna pas suite car, malgré tout, leur discussion demeurait nécessaire. Une telle réaction aurait probablement été mal prise, son discours n’ayant pas un but uniquement salvateur.
Progressivement, un mince sourire en coin vint éclairer les traits de son visage. A cet instant, Leena lui paraissait si fragile, qu’il était satisfait de constater que sa présence pourrait suffire à l’apaiser.

« Je sais, c’est idiot mais .. j’ai toujours imaginé cette scène ainsi, sans me soucier du reste. »

Le corps de Leena pressé contre le sien, Nate ressentit qu’elle frissonnait et l’entoura instinctivement de ses bras. Ils demeurèrent ainsi un instant, bercé par le doux silence qui s’installait à nouveau. Ce qu’elle lui avoua ensuite le fit légèrement rire. Etait-ce une idée ou venait-elle de passer maître dans l’art de l’euphémisme ?! Malgré les excuses qu’elle venait de lui formuler, Nathaniel ne s’en sentait pas redevable ni moins fautif. Certes, le comportement de Leena était exagéré mais comment lui en vouloir ? Cette attitude n’enlevait rien au fait qu’il aurait pu se montrer plus réactif, malgré l’effet de surprise.

« Tu n’as pas à t’excuser, c’est aussi comme ça que je t’aime. »

Désormais, un franc sourire ornait son visage. D’une main, il releva doucement le menton de sa future épouse et la regarda un instant dans les yeux. Non. Il ne pouvait pas lui en vouloir ni accepter ses excuses. Distraitement, son pouce dessina le contour de sa lèvre inférieure avant que son envie de l’embrasser ne prenne le pas. Un tendre baiser qui valait toutes les excuses imaginables. Visiblement contraint par le manque d’oxygène, il détacha délicatement ses lèvres des siennes et appuya doucement son front contre le sien. Dans le même temps, la paume de ses mains tâchait de la réchauffer un peu puis, il quitta cette étreinte quelques minutes après pour se rendre à l’opposé de la pièce. Il y avait là une grande baignoire, pourtant peu utilisée mais l’intéressé comptait bien déroger à la règle. S’agenouillant devant quelques secondes, Nate laissa une eau tiède la remplir tandis qu’il revenait sur ses pas pour prendre les mains de sa fiancée dans les siennes et ainsi l’attirer à lui.

« Maintenant je veux que tu me laisse m’occuper de toi, ainsi que pendant les neuf prochains mois.. »

L’effet de surprise passé, Nathaniel semblait s’emballer mais il n’avait aucune prise sur ce qui le poussait à agir ainsi. Néanmoins, il ferma le robinet d’eau juste à temps lors de son seul instant de quiétude et laissa Leena s’installer tandis qu’il prenait place contre le rebord de la baignoire. Ce soudain empressement l’empêchait de s’exprimer à nouveau. Malgré une annonce plus qu’explicite, Nathaniel en était à se demander si sa compagne souhaitait un bébé dans l’immédiat. Si tel n’était pas le cas, sa prévenance risquait probablement d’être mal interprétée, peut être comme une façon de se dédouaner après ces prémices de dispute.